L’ignorance des savants et le savoir des ignorants

Quand tu vois que les savants ont un avis qui te semble contredire un texte explicite, n’ait pas une mauvaise pensée envers eux. C’est plus probable que ta compréhension de ce texte soit erronée plutôt que le fait qu’ils ignorent les significations apparentes et réelles des textes que tout étudiant débutant connaît. (L’imâm al-Ghazâlî).

Voici un petit exemple de ce sujet.

Certains disent : Le prophète salla Allah ᶜalayhi wasallam n’a jamais célébré le Mawlid. Ceux qui autorisent le mawlid (des milliers de savants depuis le 3e siècle) sont des innovateurs et des ignorants …

Il ne faut pas s’inventer des situations inexistantes à cause de notre ignorance. Est-ce vrai qu’il n’existe aucun argument pour cet avis ? Avons-nous lu tout ce qui a été rédigé dessus par les savants ayant soutenu cet avis ?
Voici un simple exemple : Le Prophète ﷺ a célébré chaque lundi par l’adoration car c’est le jour de sa naissance. Il ﷺ a dit : « c’est un jour dans lequel je suis né » (Rapporté par Muslim, n°1162). Le problème c’est que les gens de nos jours veulent restreindre la célébration à ce qu’ils connaissent de nos jours, tandis qu’en principe, la célébration se fait par l’adoration d’Allâh. L’argumentation par ce texte se base sur le concept de la réjouissance (farah) dans les adorations et sur la spécification de cette occasion par une adoration spécifique. Cela s’applique au principe «comment pouvons-nous faire une chose que les compagnons n’ont pas fait». La réponse d’Abû Bakr radiya Allah ᶜanh à ᶜUmar radiya Allah ᶜanh au sujet de rassemblement du Coran rejette explicitement cet argument, Abû Bakr radiya Allah ᶜanh ayant dit : «Comment puis-je faire une chose que le Prophète ﷺ n’a pas fait?» puis a fait cette chose délaissée. Ce sujet rentre dans le concept du délaissement qui n’est pas considéré par l’ensemble des usûliyyîn comme un argument, cette anecdote fait partie des ses preuves.

Concernant les avis des savants sur le sujet de la célébration, depuis que ce sujet est posé vers le 3e siècle, l’avis majoritaire des savants est l’autorisation, l’avis de l’interdiction est minoritaire.

Ou est-ce qu’on peut trouver les avis d’autorisation ou d’interdiction de la célébration du Mawlid ? Certains savants ont écrits des livres (épîtres) sur le sujet, d’autres en ont donné des fatâwâ. Ceux qui ont rédigé leurs propres livres sur le Mawlid en ont parlé de ce sujet dedans dans la majorité des cas. De plus, les savants ayant relaté les différentes anecdotes sur le début des célébrations du Mawlid par le roi al-Muzhaffar d’Erbil ou par les fatimides, ont commenté ces célébrations.

Nous devons comprendre qu’un statut légal (hukm sharᶜî) ne peut être donné que selon une certaine méthodologie, on ne met pas un hadith ou un verset et boom on sort un hukm de notre poche. Cela passe par une science nommée usûl al-fiqh. En regardant le sujet du Mawlid, il faut séparer deux choses : Célébrer le mawlid et le Mawlid en soit. Il faut comprendre que le concept du mawlid n’est pas apparu tardivement et que c’est un terme qui désigne chez les muhaddithîn une discipline des sciences de sîra. Aussi, le mot «Mawlid» est un nom et non un verbe ou un nom d’action, il ne peut avoir un statut légal (hukm sharᶜî) car ce dernier dépend des actes des responsables (afᶜâl al-mukallafîn). Ainsi, le statut légal dépend de cette «célébration». C’est pourquoi beaucoup de savants ont autorisé la célébration du Mawlid dans le sens des traditions scientifiques (transmettre un livre de sîra, de shamâ’il ou de Mawlid) et de façon accessoire par les manifestations de la joie (décoration, nourriture spécifique …). Je ne me rappelle pas avoir lu un avis autorisation la célébration du Mawlid par les adorations ou l’enseignement mais interdisant les manifestations mondaines de la joie (décoration, nourriture spécifique …). Ceux qui en trouve, merci de me les transmettre pour en bénéficier inchalla.

Quant aux avis d’interdiction de la célébration du Mawlid, ils sont de deux types :

  • Une interdiction occasionnelle qui se base sur le fait que les célébrations de Mawlid sont majoritairement accompagnées par des actes illicites (de la musique par exemple …), ils tendent ainsi vers l’interdiction de toute célébration du Mawlid. Cet avis est cité dans certains recueils de fatâwâ.
  • Une interdiction absolue basée sur le concept que le Mawlid est une innovation et sur le rejet de certaines interprétations effectuées par des savants soutenant l’avis de l’autorisation. Nous ne trouvons pas d’oeuvres détaillées par les savants soutenant cet avis mais ceci est évoqué dans des recueils fatâwâ ou dans des livres d’histoire (*).

Enfin, l’objet de ce texte n’est pas de justifier ou d’injustifier la célébration du Mawlid (ceci est un énorme sujet), mais d’attirer l’attention au fait que ce sujet est bien plus complexe de ce que certains souhaitent le faire apparaître et que la majorité des savants n’ont pas adopté leur avis par passion ou par convenance mais en s’appuyant sur des arguments bien solides, d’où l’étendu de leur avis. De plus, lorsqu’on voit un avis juridique soutenu par l’ensemble des savants (ou une grande majorité parmi eux), il faut comprendre qu’il a forcement des arguments (qu’ils ont exposé dans leurs oeuvres) et qu’il n’est pas possible de dire : cet avis est infondé, n’a pas d’argument ou contredit tel verset ou tel hadîth. Parler sur ce sujet nécessite de l’étudier en profondeur en recensant les arguments de ceux qui l’ont autorisé et de ceux qui l’ont interdit pour en arriver à une conclusion et non pas répéter des raccourcis sans rien comprendre.

Qu’Allah nous accorde la science et nous facilite de l’étudier.

(*) Ce texte ne concerne pas l’époque contemporaine.

Recherche de la paix intérieure

De nombreuses personnes cherchent la quiétude du cœur et la paix intérieure, en s’efforçant d’échapper à la peur et à l’anxiété vis-à-vis du futur, des moyens de subsistance, de la fin d’un emploi en cours, et d’autres causes des inquiétudes.

Être dans un tel état signifie qu’il y a un déséquilibre quelque part. Il ne suffit pas d’être dévot, de prier la nuit en accomplissant les prières surérogatoires ou de lire le Coran.

Il faut aussi que le cœur soit pur, loin des maladies du cœur, et en même temps, détourner les yeux des interdits, les oreilles des paroles et sons interdits, et l’esprit de s’intéresser aux futilités répandues sur les nombreuses plateformes de médias sociaux. Il faut préserver son temps de l’inutilité et de la perte, et l’investir dans ce qui est bénéfique pour soi-même et pour les autres.

Quand il y a du trouble en toi, il y a forcément un désordre qui a pénétré dans une de ces dimensions. Pour certains, dès qu’ils ressentent la tranquillité pendant un certain temps, le trouble revient à nouveau. La cause est la même, c’est le fait de négliger certaines de ces dimensions. Ainsi, chacun doit se responsabiliser jusqu’à ce que l’ensemble soit pris en compte, car la situation ne peut pas être correcte si elle est fragmentée.

Louange à Dieu, le Seigneur de l’univers.

Inspiration d’une réunion familiale spirituelle

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Le tasawwouf est basé sur la législation. Toute violation commise au nom du tasawwouf est sanctionnée et elle ne discrédite que son auteur. Ainsi, celui qui le prend comme outil pour esquiver les préceptes juridiques ou pour détourner leur application, ne mérite qu’une lapidation juridique. Celui qui passe de l’Unicité de l’Existence (wahdatu al-wujûd) à l’incarnation (hulûl) mérite une correction par les épées de la Chari’a.

wallah a’lam

(d’une réunion en 2017)

La semaine dernière, j’ai accompagné l’un de nos shuyukh pour rendre visite au fils de son shaykh. Nous sommes passés chez un cordonnier pour faire réparer des chaussures. En attendant en face de la boutique, j’ai remarqué que les passants le saluaient d’une manière étrange. Au début, ce sont des jeunes qui l’appelaient avec un qualificatif surprenant : « ṣallû ᶜalayh ». Puis, il répondait : « ṣallû ᶜalâ al-habîb, ṣallâ Allâh ᶜalayhi wasallam ».

J’ai d’abord pensé que c’était une simple coïncidence ou que ces adolescents se parlaient entre eux, et que le cordonnier priait simplement sur le Prophète Muhammad ﷺ en les entendant. Cependant, les gens qui passaient devant lui répétaient les mêmes paroles et il donnait la même réponse. Au bout d’un moment, j’ai compris que ce cordonnier était en réalité un fervent amoureux du Prophète Muhammad ﷺ et qu’il était devenu célèbre parmi les gens du marché en rappelant la prière sur le bien-aimé ﷺ. C’est ainsi que les commerçants et passants l’appelaient.

Combien de cordonniers ou d’éboueurs sont meilleurs que nous auprès d’Allah ! Ce n’est pas notre métier ni notre statut social qui importent, mais bien notre cœur !

Le sens du sacrifice

Le sacrifice est une shaᶜīra, une adoration formelle et symbolique. Elle représente le sacrifice de la personne dans son cheminement vers Allah.
Allah dit : « Ni leurs chairs ni leurs sangs n’atteindront Allah, mais ce qui L’atteint de votre part c’est la piété ». (Sourate al-Hajj, V.37).

Le sacrifice symbolise égorger de ses passions
Le sacrifice symbolise égorger son orgeil
Le sacrifice symbolise son acceptation et suivisme des ordres d’Allah
Le sacrifice symbolise la cohésion social

Tous ces enseignements constituent le fond des sagesses et enseignements à tirer de l’histoire de notre père Ibrâhîm ᶜalayhi assalam.