Chaque ramadân, certaines questions reviennent en boucle. L’une d’entre elles est la suivante : « puis-je boire de l’eau ou avaler une bouché si le temps de la prière entre et que le mu’adhdhin est dans le début de l’adhân ? ».
Cette question se répète continuellement car certains ignorants se caractérisent par la diffusion des avis marginaux, de part leur lecture littéraliste et superficielle des textes. Ils affirment ainsi qu’il est permis au jeûneur de manger et de boire pendant l’adhân de la prière de l’fajr. Ils s’appuient sur le hadîth dans lequel le Prophète ﷺ dit : « Si quelqu’un parmi vous entend l’appel à la prière alors qu’un récipient est dans sa main, qu’il ne le pose avant d’en avoir consommé ce dont il a besoin » (Rapporté par al-Bayhaqî).
Ces gens n’ont pas pris soin de regarder les ahâdîth qui sont plus authentiques et qui permettent de comprendre ce hadîth. Durant la vie du Prophète ﷺ, il y avait deux adhâns : le premier accompli par Bilāl et le second accompli par Ibn Umm Maktûm. L’abstention obligatoire (début du jeûne) débute avec le commencement du second adhân. Quant au premier adhân, il assure l’avertissement mais il est encore permis de manger et de boire.
D’après Ibn Masᶜûd, le Prophète ﷺ a dit : « Que l’adhân de Bilâl n’interdise quiconque parmi vous de son suhûr. En effet, il appelle pendant la nuit afin que celui qui est debout [en train de prier] revienne et que celui qui dort soit averti ». (Rapporté par al-Bukhârî et Muslim).
D’après ᶜÂ’isha et ᶜAbd Allâh bin ᶜUmar, le Prophète ﷺ a dit : « Bilâl fait l’adhân durant la nuit. Continuez à manger et à boire jusqu’à ce que Ibn Umm Maktûm fasse l’appel » (Bukhârî, Muslim, Mâlik et Nasâ’î).
L’interdiction de manger commence ainsi au début du deuxième adhân. Si une personne a dans sa bouche de la nourriture ou de la boisson et que le temps de fajr entre, elle est dans l’obligation de le recracher. Si elle l’avale, son jeûne est invalide. Cet avis fait l’objet d’un consensus chez les quatre écoles. Seules quelques tâbiᶜî autorisaient de manger ou boir pendant le adhân de fajr mais c’est un avis marginal qui a toujours été délaissé par les compagnons, les tâbiᶜîn et les savants jusqu’à nos jours.
Quant au hadîth rapporté par al-Bayhaqî, il concerne l’adhân de Bilâl, que Dieu l’agrée. Ce hadîth ne peut concerner l’adhân de l’entrée du temps de fajr car la recommandation prophétique consiste à s’abstenir de manger un certain moment avant l’entrée du temps de fajr.
Ce temps d’attente entre le suhûr et le fajr est une sunna que certains combattent et essayent de faire disparaître. Les compagnons veillaient à respecter cette sunna d’Imsâk qui est estimée à un temps de récitation de cinquante versets.
L’imam al-Bukhârî rapporte d’après Zayd bin Thâbit, que Dieu l’agrée, que ce dernier dit : « Nous avons mangé le repas de suhûr avec le Prophète ﷺ puis il s’est levé pour la prière. J’ai dit (le narrateur à Zayd) : de combien était le temps entre l’adhân et le suhûr ? Il (Zayd) dit : « Le temps de cinquante versets ».
L’imam al-Bukhârî intitule ce chapitre avec un titre révélateur de ce cas juridique : « Chapitre : Du temps entre le suhûr et la prière de fajr ».
Enfin, le jeûne débute par l’entrée de fajr. Ce temps doit être respecté minutieusement en respectant, très préférentiellement, la sunna de s’abstenir de boire et de manger, un moment avant l’adhân et l’entrée du temps de fajr. Ainsi, nous accueillons l’adoration du jeûne et la prière de fajr avec sérénité et tranquillité.
Soyons attentifs et veillons à préserver la validité de nos adorations, loin des gens qui aiment sortir du consensus des musulmans en pensant bien faire !
Et Dieu est plus Savant !